samedi 29 janvier 2011

Festival Mo'Fo' aux Mains d'Oeuvre - Cheveu et Heavy Trash

L'affiche de cette soirée me narguait depuis de longues semaines mais l'état de mes finances me retenait de me précipiter sur les premiers billets venus. Finalement, deux jours avant, je n'y tenais plus et c'est en courant que je me suis rendue à la FNAC la plus proche pour me procurer les pass tant désirés.

Quoi, me direz vous, Encore Cheveu aux Mains d'Oeuvre ? Deux fois en moins d'un an ? Oui, bon, mais c'était tellement intense la première fois qu'ils m'ont fait succomber une seconde. Et puis, il y avait Heavy Trash, et je n'avais jamais eu l'honneur de voir John Spencer en chair et en os.

Le trajet des Hauts de Seine à la Seine Saint Denis fut épique et épuisant. Mais c'est sains et saufs que nous arrivâmes sur place. Avant le début d'un concert digne d'intérêt, nous eûmes le temps de faire un détour par la brocante vintage et les stands des petits disquaires présents. Le tout était plutôt alléchant mais malheureusement, mes poches vides ne me permettaient pas de me ruer sur la jolie robe Courrèges 1954. Autour de nous, beaucoup de trentenaires branchouille mais sans-le sou mangent du couscous végétarien en buvant de la Grolsch. Mais disséminés ça et là dans les allées, on peut aussi apercevoir des quinquagénaires collectionneurs avides de vinyls perdus.

Nous prîmes ensuite la direction de la scène Mo' pour assister au concert d'Eldia, groupe dont je ne connaissais que le nom, pour l'avoir vu un paquet de fois sur des affiches ou dans Lylo. Finalement, la prestation des cinq jeunes gens n'avait que peu d'intérêt pour moi (même si les groupies des premiers rangs n'étaient pas de cet avis) et c'est donc dans un relatif ennui que la soirée débuta. Tout cela manquait vraiment de caractère.

Une bonne demi-heure de queue au bar plus tard, la foule de plus en plus dense et agitée retourna dans la salle. Avec son pull complètement troué et son allure de clodo sous acide, le chanteur de Cheveu fait peine à voir. Mais au bout d'une minute, on est déjà tous fascinés. Les gens hurlent, sautent et moi, je n'arrive pas à détacher mon regard de ce type aux épaules en dedans qui parle en levant le bras et en scandant ses phrases comme un prédicateur ou un homme politique.



Mais à la fin de chaque chanson, il s'excuse, visiblement pas convaincu lui-même de sa performance. C'est vrai qu'il n'a pas l'air aussi sûr de lui que la dernière fois, mais c'est normal, il ne joue presque que des nouveaux titres. Ca fait du bruit, c'est prenant et fort et le mec gesticule pour essayer de nous persuader de je ne sais trop quoi. Dociles, on ne veut pas le contrarier alors on le suit quand il nous raconte une sombre histoire de ville sans oiseaux ou rend hommage à Charlie Sheen qui "a quelques soucis en ce moment".



Malheureusement, l'heure tourne et la peur de louper le début d'Heavy Trash sur la scène Fo', commence à se faire ressentir. Armés de courage, nous traversons donc la salle en évitant les coups des jeunes pogoteurs survoltés et arrivons sans encombre de l'autre côté. Mais tout est calme. John Spencer n'a pas encore commencé son show.

Un tout autre spectacle nous attend. Dans la deuxième salle, le public est tellement hétéroclite que si on ne connaissait pas le programme, on se demanderait vraiment à quoi on va assister !

Mais aux premières notes de l'orchestre, c'est le retour dans les fifties garanti. Jon Spencer habite littéralement la scène, on voit bien qu'il y est chez lui. Quel charisme ! Rapidement, le public se laisse emporter par sa voix de crooner aux manières de bad boy. Le groupe, vêtu de costumes bleu marine assortis à l'ambiance de sa musique, gomina comprise, enchaîne les titres à un rythme trépidant. Il fait chaud, les musiciens transpirent et nous aussi. Il faut dire que les spectateurs, tous âges confondus, se sont mis à danser. Les gens sont heureux, sourient, boivent et tapent dans leurs mains, signe que le concert est réussi.



Entre les morceaux, Jon Spencer nous raconte des choses quasi-incompréhensibles à cause de son accent sudiste forcé et de sa vitesse d'élocution difficile à suivre. Lorsque, le dernier titre achevé, les lumières se rallument, c'est fâché qu'il quitte la scène à regret. Il réussira à se faire entendre par l'équipe organisatrice et rejoindra cette grande fête pour trois nouvelles chansons. C'est bien simple : on dirait qu'il ne veut plus partir.



Pourtant, il le faudra bien car il est déjà près d'une heure du matin. On s'étonne de voir tant de monde encore à Saint-Ouen, mais on comprend que louper la fin de ce concert aurait été criminel.

C'est le sourire au lèvre, malgré le mal de dos et de jambes et la perte sensible d'audition, que nous regagnons la voiture, satisfaits de cette soirée riche en émotions fortes. Heureusement, le retour sera bien moins pénible que l'aller.

jeudi 13 janvier 2011

Explosion imminente - Roses Kings Castles et Suburban Timebombs

J'aime beaucoup Adam Ficek. Vraiment. Sans rire, ce type a un don pour la mélodie assez incroyable. Résultat : il suffit d'écouter l'un de ses disques un matin pour fredonner ses chansons pendant tout le reste de la journée. C'est encore pire si vous avez l'occasion de le voir en live, ce qui m'est arrivé hier pour la troisième fois en moins de deux ans. Ses ritournelles s'accrochent à votre cerveau comme un nourrisson au sein de sa mère et c'est un vrai plaisir.



En novembre 2010 est sorti le deuxième album de son projet solo Roses, Kings, Castles, pourtant achevé depuis bien longtemps. Et le moins que l'on puisse dire est qu'il ne nous déçoit pas. Si la tendance spontanée est une nouvelle fois de se dire que c'est sympathique sans plus, méfiez-vous de l'effet boomerang de One Born Every Minute, Backseat Living ou Twisted Words. Incontestablement, Adam Ficek reste toujours aussi accrocheur et charmant et n'a pas perdu son sens de l'humour (Shut your Stupid Little Mouth en est la preuve). Suburban Timebombs est un poil plus rythmé et énervé que son prédécesseur. En effet, cette fois, l'ex-batteur devenu auteur-compositeur-chanteur s'est entouré d'une dizaine de musiciens pour l'enregistrement. Mais "énervé", il ne l'est pas autant que son successeur, comme nous le confiait Adam à l'issue de son showcase chez Gibert Musique. 



Le pauvre a eu une année 2010 difficile, durant laquelle il s'est fait virer de Babyshambles sans préavis d'une manière assez crasseuse. Et il a aujourd'hui parfois le sentiment de recommencer à zéro (bon, c'est vrai que la dernière fois que je l'avais vu à l'espace B au mois de mai, on ne devait pas être plus de dix). Il a été écœuré par l'industrie du disque anglaise dans laquelle il faut payer pour avoir une critique positive, lessivé par sa tournée mondiale, presque ruiné par la sortie de ses disques, et la colère qui le menaçait a fini par le submerger complètement. Suburban Timebombs porte bien son nom : Adam Ficek était au bord de l'explosion au moment de le baptiser. Mais lorsqu'il nous annonce que son prochain album sera plus dur, plus basé sur les guitares électriques, il n'a pas de mal à nous convaincre. D'ailleurs, les deux chansons extraites du futur opus esquissées en conclusion du showcase en témoignent : les petites ballades romantiques et douces, c'est fini pour le moment.



Mais ce qui l'aide à tenir, comme bon nombre d'autres artistes contemporains, c'est tout simplement l'amour de la musique. Car s'il déplore que des tas de parasites pullulent autour des musiciens depuis des décennies alors qu'ils ne sont même pas mélomanes, il fait partie de ces personnes qui ne peuvent vivre autrement que par leur passion. Et s'il envisage la possibilité d'être obligé un jour de reprendre un job complémentaire et d'arrêter de tourner, il ne s'imagine tout de même pas une seconde abandonner la musique. Et c'est tant mieux pour nous.

dimanche 2 janvier 2011

Un réveillon 4 étoiles

Mesdames et Messieurs, pour le réveillon du nouvel an de cette année, j'avais réservé à mes invités un repas digne des meilleures tables de restaurant (en toute modestie). Je ne résiste pas à l'envie de vous le faire partager.


Tout d'abord, pour les mises en bouche, j'avais opté pour des cuillers garnies rapidement et en grande partie avec les restes. Ci-dessus, vous voyez donc des moules assaisonnées de carrés de tomate fraîche, de piment et de persil. Ensuite, sur la droite, vous pouvez voir des lamelles de saumon fumé marinées au citron, aux baies roses et à l'aneth. Enfin, sur la gauche, on trouve des lamelles de carpaccio de boeuf mariné à l'huile d'olive, au vinaigre balsamique, avec des raisins secs, des pignons, du parmesan et du basilic frais. Le tout arrosé de champagne, bien sûr. Si les moules se sont avérées décevantes, le reste a bien fonctionné, même si le carpaccio aurait mérité d'être plus relevé.



J'avais aussi prévu des petites coupelles de crevettes avec des épices (piments, épices tandoori et curry), des tomates et de l'huile d'olive. Pas mal, mais assez piquant. Si comme moi, vous aimez le piment, c'est assez réjouissant.

L'une de mes convives avait complété ces petits plats avec des blinis au tarama et des tapas. Il faut dire qu'on aime bien les apéros copieux, par chez moi !

Pour l'entrée, j'avais concocté un tartare de Saint-Jacques à l'huile de vanille, pas mauvais du tout. J'avais préparé mon huile de vanille la veille, avec du jus de cuisson de moules, de l'huile d'olive, du citron, du poivre et des graines de vanille, et je l'avais laissée mariner pendant plus de 24h00. Le résultat a été assez probant, parfumé à souhait et léger. J'ai mélangé des dés de tomate aux Saint-Jacques et ai servi sur un lit de mâche assaisonné de la fameuse huile.



Pour le plat, j'ai fait revenir dans une sauteuse des échalotes et une carotte dans du vinaigre de vin que j'ai laissé évaporer. Ensuite, j'ai ajouté du vin rouge corsé et un bouquet garni, avec du sel et du poivre et j'ai laissé mijoter pendant une heure. L'appartement embaumait jusque dans le couloir, mais c'était de circonstance ! J'ai ajouté quelques cuillers de fond de veau au mélange et j'ai poursuivi la cuisson pendant une autre heure. Cette préparation longue n'était destinée qu'à servir de base à la sauce de ma viande : des noix de chevreuil. J'ai fait revenir les morceaux dans de l'huile d'olive et du beurre, de chaque côté, et je les ai ensuite réservés au chaud. Pour parachever ma sauce, j'ai ajouté des carrés de chocolat noir corsé au mélange. J'ai servi le tout avec une purée de céleri et mon plat a remporté un franc succès, en grande partie grâce à la qualité de la viande de mon boucher.


Avec cette viande d'une tendresse incroyable, j'ai sorti de ma cave personnelle un magnum de Monbrison 2004 que j'avais eu en cadeau quelques années plus tôt et je dois dire que personne n'a été déçu du mariage du plat avec ce vin !


Pour finir ce réveillon, j'avais préparé une gelée de fruits rouges à la crème de coco qui m'a personnellement un peu déçue, mais moins que je l'aurais imaginé. Elle a été essentiellement préparée avec du sirop maison de myrtilles, de la grenade et de la crème de cassis (et de la gélatine, bien entendu). Une fois la mixture devenue plus ferme, j'ai tout simplement ajouté par dessus un mélange de lait et de crème de coco que j'ai fait chauffer avec un peu de maïzena et de sucre.



Et le mieux dans cette histoire, c'est que ces plats n'ont été ni très coûteux, ni très compliqués à faire. Le tout, c'est d'avoir du temps, un peu d'énergie et surtout envie de régaler ses hôtes !

Je vous souhaite à tous une excellente année 2011.